Slow Food : Quand le locavorisme ringardise le bio

    Avec l’avènement de l’industrialisation, notre mode de vie a changé. On a standardisé jusqu’à l’alimentation. De New York à Moscou en passant par Buenos Aires, le célèbre M est devenu un des symboles les plus éloquents de la mondialisation. 

    Depuis quelques années, Internet et les bas coûts de transports ont permis de réduire les distances et de stimuler l’hyperchoix de la société de consommation. Sauf que l’uniformisation est allée trop loin et que la qualité des produits en a pâti. Tout comme la planète, désormais en danger. En effet, la cuisine industrielle dès le plus jeune âge fait encourir aux consommateurs le risque d’une atrophie des papilles gustatives. Quand à l’état de la planète, ce n’est plus un secret pour personne.


     Les plats cuisinés, les conservateurs et les micro-ondes ne font plus rêver nos métrosexuels et recessionistas. Alors juste retour des choses : ils s’engagent désormais pour diminuer la distance que parcourent les produits alimentaires. Une manière de lutter contre le réchauffement climatique, de sauver l’économie locale et de protéger sa santé. 

La genèse du mouvement Slow Food
     Le mouvement remonte à 1986 lorsque suite à l’ouverture d’un McDo sur l’escalier espagnol de Rome s’est organisée une manifestation contre les repas industriels rapides. Il émerge en Italie puis en France, deux pays où l’attachement aux produits du terroir est très fort. Fondé à Paris en 1989, le mouvement du Slow Food a son siège dans le Piémont, au Nord de l’Italie. Des dizaines d’unités locales (appelées conviviums) ont ouvertes dans le monde, intégrant le réseau et bénéficiant du label. 
    Le réseau lutte depuis plus de vingt ans déjà contre les effets dégradants de l’industrie agro-alimentaire et de la culture du fast-food qui standardisent les goûts. Il s’engage pour défendre les effets bénéfiques d’une alimentation locale, tout en promouvant les traditions culinaires. En associant plaisir et responsabilité, Slow Food tente de développer un modèle d’agriculture moins intensif et nocif. 

Le bio a trouvé un concurrent de taille : le locavorisme

     Les adeptes du bio se font actuellement concurrencés sur leur propre terrain de la bien-pensance mais dans un registre moins hygiéniste. C’est en 2005 à San Fransisco qu’est né le locavorisme. A l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, Jessica Prentice propose de ne manger que des produits de la région dans un périmètre de 100 miles maximum, soit 1600 km2. C’est alors le début d’un mouvement écologique, sanitaire et politique, qui ne manque toutefois pas de réalisme : les locavores privilégient certes les producteurs locaux et de saison mais ne refusent pas tous les produits importés. L’exception est faite pour les produits que l’on ne peut pas produire dans la région, comme le café, le thé, le chocolat, les épices… ce sont les exceptions « Marco Polo ». 
   Le locavorisme vient d’une doctrine plus ancienne – le localisme – déjà traitée par les économistes et philosophes au début du XXe siècle. Son grand retour s’explique parce qu’il est une alternative crédible à l’alimentation biologique qui connaît depuis peu un ralentissement. Le bio a aussi subi la crise et n’est de toute façon pas une bonne solution sur le long terme, sans parler des différences de législations (le bio français et américain n’équivaut en rien le bio argentin ou polonais !!!). Le locavore étant un consomm’acteur, il lui arrive de privilégier les produits biologiques mais ce n’est pas son but premier. 


     Un des grands avantages du locavorisme est de contourner la grande distribution et ses bénéfices parfois honteux. Dans la mesure où l’on se passe des intermédiaires, le consommateur comme le producteur y gagnent.  En France, les AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne) mettent en relation producteurs et consommateurs à travers l’achat de paniers hebdomadaires. Un inconvénient  demeure toutefois : ne pouvant pas choisir ce qu’il y a dans le panier, on risque de ne pas recevoir des produits très diversifiés ou qui nous plaisent. La ruche qui dit ouiest un réseau qui permet aussi de bénéficier des meilleurs prix en combinant circuits courts et achats groupés mais avec le choix cette fois. Ce sont les habitants eux-mêmes qui décident d’en ouvrir une puis la gèrent et se voient rémunérés par la même occasion. Plus besoin des grandes surfaces !!! Le rêve des urbains est exaucé. 

    Ces initiatives s’inscrivent dans un changement profond. Ce ne sont pas que les marchés de petits producteurs qui font leur retour mais aussi la cueillette ou le plaisir de cultiver son propre jardin (comme le fait Michelle Obama à la maison blanche!). On assiste même à la naissance d’une « agriculture urbaine ». Cette évolution des comportements dans les mégalo-métropoles montrent que les notions de proximité et d’authenticité sont en passe de devenir centrales dans les habitudes de consommation. Les métropolitains cherchent aussi à se décuplabiliser et y voient une manière de s’engager politiquement au quotidien. 
le phénomène de l' »urban farming » en plein essor à New York

     Manger local répond à différents problèmes contemporains : la préoccupation de santé et de sécurité alimentaire, la crise du monde agricole, la mondialisation qui rime trop souvent avec uniformisation, l’hyperconsommation forcée et l’hyperchoix,  la redynamisation du marché du travail local dans un contexte postindustrielle de délocalisation. Cette tendance traduit d’autre part le repli sur soi, la crispation identitaire qui caractérisent de plus en plus les sociétés occidentales, tentées par le protectionnisme.



Paris 

Slow Food Paris : slowfood.paris.terroirsdumonde.over-blog.com
Réseau Slow Food France : www.slowfood.fr
La ruche qui dit oui : www.laruchequiditoui.fr 

Les AMAP : www.reseau-amap.org
New York 
Slow Food NYC : www.slowfoodnyc.org
Réseau Slow Food US (siège à Brooklyn) : www.slowfoodusa.org
Réseau national de locavores : locavorenetwork.com
Los Angeles / Chicago
Slow Food LA : slowfoodla.com
Slow Food Chicago : www.slowfoodchicago.org
London 
Slow Food London : slowfoodlondon.blogs.com
Berlin 
Slow Food Berlin : slowfood-berlin.de
Réseau Slow Food Allemagne : www.slowfood.de
Singapore 

Slow Food Singaopore : www.slowfood.org/sg
Buenos Aires 
Slow Food Buenos Aires : www.puntoslowfoodbaires.com.ar/news
Moscow